#26. Gévrise Emane: Se libérer de l'obligation de réussir

Gévrise Emane est née au Cameroun et rejoint la France à 2 ans et demi. Elle commence le judo à l'âge de 13 ans et progresse rapidement et intègre l'INSEP à 18 ans. Elle évolue dans la catégorie de - de 70 kilos et - de 63 kilos. En 2003, elle obtient ses premiers podiums en Coupe du Monde. En 2005, elle est vice-championne du monde. En 2007, elle devient championne du monde (-70 kgs). En 2008, elle fait figure de favorite pour le titre Olympique mais connaît une désillusion en se faisant éliminer au premier tour. Elle change de catégorie pour concourir en - 63  kgs. Elle remporte le tournoi de Paris en 2010 et 2011 ainsi que les championnats d'Europe et mondiaux. En 2012, elle remporte la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Londres.  En 2015, elle redevient championne du monde dans sa catégorie des - 70 kgs. En 2016, elle est éliminée au premier tour des JO de Rio. Elle est quintuple championne d'Europe.  Dans ce premier épisode, nous avons parlé de son parcours et de son début au judo à l'âge de 13 ans, par l'intermédiaire d'un professeur d'EPS. Faire les Jeux olympiques n'était pas dans ses pensées mais elle aimait plutôt "s'amuser, prendre du plaisir et voyager". C'est le côté convivial du judo qui lui plaît.   Elle évoque aussi le fait qu'elle avait un "sacré" caractère" et que le judo était un "moyen de m'exprimer sans mettre des gens dans des cases" qui n'excluait aucun gabarit.  Ce qui a été un moteur pour elle était l'envie de de se dépasser "donner le maximum de moi-même à chaque fois. Même petite, c'est vraiment d'aller jusqu'au bout (..) ca vient aussi de l'enfance. Mes parents nous ont toujours poussé à donner le meilleur de nous-mêmes, sans se comparer aux autres, d'aller au bout des choses".  Elle parle de son arrivée à l'INSEP comme étant un peu "Disney" où elle était à la fois "excitée et impressionnée". Puis vient l'attente des résultats et l'impatience de ne pas réussir à faire un grand résultat. Mais sa manière de penser l'a aidé à fonctionner par étape et le fait de se voir progresser lui a permis de l'aider à dépasser cette impatience.  La première fois qu'elle devient championne du monde, elle arrive en conquérante car elle avait déjà identifié ce qu'il fallait pour réussir: "il y a eu d’autres compétitions en amont qui ont prouvé que, des déclics, des compétitions de référence; des attitudes que j’ai identifié. Le championnat du monde en 2007 où je gagne, ce n’est pas une surprise, je m’y attendais en fait".  Elle parle de sa défaite au premier tour aux JO de Pékin en 2008 et de sa déception: "Quelque temps après, je suis détruite (..) Je me demande pourquoi je fais du judo. Je me déteste. Je me flagelle en plus". Elle réussit à se reconstruire en travaillant sur elle-même et en étant accompagnée d'une psychologue: "J'ai d'abord commencé par la psychologue pour aller chercher, fouiner, ôter ses barrières parce qu’il y en avait au final. Et cette sensation d’être obligée de réussir. L’obligation de réussite, parce que c’était quelque chose aussi que nos parents nous ont mis un peu comme pression. Ca faisait partie de l’éducation. j’avançais avec un poids, du coup c’était de me libérer de ce poids là et pour que je puisse continuer à avancer et à rayonner en tant qu’athlète et à découvrir la véritable athlète que j’étais" .  Elle vit son changement de catégorie comme une punition et se voit soulagée de gagner la médaille de bronze aux JO de Londres en 2012, même si elle est "déçue" de ne pas avoir eu la médaille d'or.  Son expérience dans le judo lui a permis de se construire en tant que "combattante" mais aussi de pouvoir se libérer de "son obligation de réussite": "Je ne sais pas si c'est le judo ou le travail que j'ai fait en prépa mentale, qui m'a permis d'être plus légère par rapport à ça. De me libérer de certains liens que j'avais. De ne pas être obligé de faire les choses".   

Om Podcasten

Que se passe-t-il dans la tête des sportifs? Comment gèrent-ils leurs pensées dans les moments importants? Comment vivent-ils ces émotions si particulières à la compétition sportive? Gamberge est un podcast qui laisse la parole aux sportifs et aux entraîneurs pour parler de leur expérience du haut niveau. Il parle d’état d’esprit, de leur désir de devenir sportif ou entraîneur et des leçons qu’ils ont tiré de leurs victoires et de leurs défaites. Il tente de comprendre le cheminement de leur état d’esprit, à chaque fois singulier, qui leur a permis de réussir dans le sport. Gamberge explore aussi la manière de penser ou de gérer les émotions au coeur de la compétition. Il essaye de comprendre le mental dans le sport et la performance. Gamberge navigue au coeur de l’humain, dans ce qu’il a d’unique et qui peut inspirer par leur vécu. Ce podcast a pour objectif d’en savoir plus sur le mental, d’ouvrir une porte sur de nouvelles interrogations et de faire votre propre cheminement. La première saison sera diffusée d'Avril en Juillet 2020.  Gamberge a été créé par Sophie Huguet, Psychologue du sport Pour me retrouver sur mon site Pour me suivre sur les réseaux sociaux  Facebook Twitter  Instagram