Mode/textile : retour sur plusieurs décennies de mondialisation

Différentes étapes ont conduit à créer le système mondialisé de la mode tel qu’on le connaît aujourd’hui. Depuis la fin des années 1960, des bouleversements de toute nature ont profondément modifié le système de la mode et du luxe, un choc comparable à celui vécu par la sidérurgie, avec la disparition progressive de grandes entreprises françaises comme Boussac ou Prouvost dans le Nord et les restructurations successives de DMC (Dollfus-Mieg & Cie) en Alsace. En 1974, les Etats-Unis et l'Union européenne, soucieux de protéger leur industrie textile, avaient imposé des contingents limitant les exportations des pays en développement. Connu sous le nom d'Arrangement multifibres (AMF), ce dispositif a été aboli en 2005. Il s’agissait d’une dérogation importante à la libéralisation du commerce international, régi par l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), l'ancêtre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dont la Chine est devenue membre en 2001. L’abolition des quotas a forcé les marques à s’adapter à ce nouveau système, avec le développement simultané des entreprises de luxe, notamment françaises et italiennes, et de fast-fashion (avec les délocalisations de main d’œuvre en Asie et le développement des chaînes spécialisées comme H&M ou Zara). Désormais, le système de production de la mode est dominé par l’hégémonie chinoise et concentré autour d’un petit nombre de pays (Asie du sud et Turquie, notamment). La production est mondialisée mais les marques (distribution/création) restent entre les mains d’un petit nombre d’acteurs occidentaux (France/Italie). Avec la montée en puissance de nouvelles exigences sociales et environnementales, un lent processus de réindustrialisation est en cours en France et en Europe. Une conférence de Dominique Jacomet (économiste, président de l’IAE et ancien DG de l’Institut Français de la Mode).

Om Podcasten

L’Institut Français de la Mode (IFM) est un établissement d’enseignement supérieur privé à but non lucratif, un centre de formation d’apprentis et de formation continue, ainsi qu’un centre d’expertise pour les industries du textile, de la mode et du luxe. Il propose des formations allant du CAP au master, en décloisonnant la création, le management et les savoir-faire. L’IFM accueille régulièrement des conférences au croisement de multiples univers créatifs (arts, littérature, musique, histoire… mais aussi économie et innovation). L'IFM a aussi lancé sa série de podcasts intitulée Fashion InsideOut, dans laquelle les étudiants interrogent des professeurs sur leurs sujets de recherche.