1998 : le nouveau maître des horloges

Il est venu le temps des cathédrales. En 1998, l’architecte Jean Nouvel, bâtisseur en chef de l’opéra de Lyon, de la Fondation Cartier ou de l’Institut du Monde Arabe, est l’invité de Jamel Debbouze dans son émission quotidienne de fin d’après-midi, Le KX, riche en interviews invraisemblables (avec Yves Mourousi ou Éric & Ramzy). Avons-nous, selon la formule de Jamel, « rendu service » à la France ? Par l’édification d’une maison virtuelle avec des briques de toutes les couleurs, où les fenêtres seront toujours préférées aux murs ? Comment ça va sur la Terre ? L’année du sacre d’une France dite « black-blanc-beur » qui remporte la coupe du monde de foot, et un, et deux, et trois zéros ? En 1998, la Déclaration universelle des droits de l’Homme a cinquante ans et Kim Jong-il est désigné chef suprême de la Corée du Nord. Une guerre éclate au Congo et Bashung ment effrontément sur l’album Fantaisie militaire. En Afghanistan, l’armée américaine bombarde les camps d’entraînement présumés d’un certain Oussama Ben Laden, tandis que des islamistes algériens assassinent le poète et chanteur kabyle Matoub Lounès – auquel les Toulousains de Zebda dédient leur album multi-platiné, Essence ordinaire, qui nous incite aussi à tomber la chemise, mais je crois que ça va pas être possible. Toute l’Amérique du Sud s’amourache d’un petit Parisien nommé Manu Chao qui voyage Clandestino, Lauryn Hill retrace sa mauvaise éducation sur son unique album solo et les Beastie Boys deviennent intergalactiques, alors qu’un duo de Versaillais nommé Air nous embarque pour un moon safari. Et pendant qu’une épaisse saga pleine de loups et de dragons nommée Le Trône de fer apparaît dans les librairies françaises, un nouveau « maître des horloges » est convoqué à la cour de Nova, à la demande du roi Bizot. L’arrivée de Bruno Delport, ancien directeur général de OUÏ FM, va provoquer une petite révolution copernicienne sur notre antenne. Suite à ses conseils, réalisateurs et animateurs ne sont plus séparés par une vitre et on met des micros pour capter la vie dans le studio. L’architecture de la grille des programmes, son rythme global, est réorchestrée – de même que la programmation musicale, classée par genres et en fonction des émotions que suscitent les morceaux choisis. On parle désormais de « rotation » pour certains titres emblématiques du moment, de « golds » et de « rare grooves » pour les chansons adorées du passé, ou d’un aphorisme paradoxal pour désigner notre tendance à ne jouer que des trucs chelous : « Plus c’est différent, plus c’est pareil. »  Ce nouveau cap dans la professionnalisation de la station, qui lui permettra d’acquérir de nouveaux auditeurs et, in fine, de durer, n’ira pas sans de vives contestations internes qui déplorent la fin d’une époque, le début du « formatage ». Pourtant, right here, right now, comme le crie le refrain big beat de FatBoy Slim, nous continuons de faire pousser – comme les immeubles dans la nuit du film Dark City – les talents de tous les âges. Un nouveau tandem, Yannick (Barbe) et Mélusine (Raynaud), dynamite nos matins de manière « ludique et poétique » avec des feuilletons-fleuves qui parodient le soap-opéra, comme La Grande Saga du Foin, La légende de Poire et surtout Baklava ou la toge écarlate. Et qui aurait pu croire que le vénérable Henry Chapier deviendrait à 65 ans un amateur éclairé de musiques électroniques qui tabassent, en after au festival Boréalis de Montpellier ? L’année de la première Techno Parade ? Oh, Henry ! Music sounds better with you ! Réalisation, mixage : Guillaume Girault.

Om Podcasten

Radio Nova de A à Z ! Pour célébrer les 40 ans de notre antenne, jeunes pousses et grands anciens se retrouvent sous l’arbre à palabres pour ce podcast documentaire en 40 épisodes, où sont racontées, année par année, de 1981 à 2021, les histoires les plus folles d’une station unique au monde. La Danse du Zèbre, un grand mix d'archives, de témoignages et de musiques, sous les rayures noires et blanches. Raconté par : Ruddy Aboab / Aline Afanoukoé / Sir Ali / Marion Armengod / Marie Arquié / Aure Atika / Morane Aubert / Arnaud Aymard / Mélanie Bauer / Thomas Baumgartner / Emmanuel Baux / Antoine Blin / David Blot / Marie Bonnisseau / Smaël Bouaici / Mathieu Boudon / Tania Bruna-Rosso / David Brun-Lambert / Camille / Sébastian Carriau / Sulivan Clabaut / Fany Corral / Eve Couturier / DJ Cut Killer / Isadora Dartial / François Dayre / Jamel Debbouze / DJ Dee Nasty / Héloïse Delaunay / Annick Delefosse / Bruno Delport / Yao Dembelé / Camille Diao / Julien Donaz / Léa Drucker / Loïc Dury / EJM / Elodie Font / Matthieu Fontaine / Nicolas Frize / Franck Haderer / Armel Hemme / Esteli Hernandez Ortiz / Richard Gaitet / Guillaume Girault / Mathieu Girod / Liz Gomis / Isabelle Gornet / Nadine Gravelle / Tristan Guérin / IAM / Jimmy Kiavué / Cédric Klapisch / Ariel Kyrou / Jeanne Lacaille / Catherine Lagarde / DJ LBR / Ray Lema / Manu Le Malin / Patrick Leygonie / Angela Lorente / Linda Lorin / Mai Lucas / Lionel « Foxx » Magal / Mélanie Mallet / Jean-Jacques Mandel / Valérie Massadian / Sophie Marchand / Alex Masson / Martin Meissonnier / Marc Melki / Marie Misset / Jean Morel / Samba Ndiaye / Christophe Nick / Jean-Jacques Palix / Thierry Paret / Gilles Peterson / Thierry Planelle / Nicolas Pradeau / Reza Pounewatchy / Princesse Erika / Elisabeth Quin / Roudoudou / Nicolas Saada / Sapho / Aino Schlaegel / Théo Sébald / Mathilde Serrell / Aurélie Sfez / Bintou Simporé / Solo / Squaaly Baba / Bastien Stisi / Hadja Tabi / Frédéric Taddéi / Patrick Thévenin / Benoît Thuault / Patrick Van Troyen / Marushka Vidovic / Malo Williams / Ariel Wizman / Yannick & Mélusine / Bernard Zekri. Un podcast imaginé et coordonné par Richard Gaitet, réalisé par Guillaume Girault, Benoît Thuault, Malo Williams, Mathieu Boudon, Tristan Guérin, Emmanuel Baux et Sulivan Clabaut, avec des interviews menées par François Dayre et Matthieu Fontaine, et des archives retrouvées par Isadora Dartial et Bintou Simporé. Graphisme : Sébastien Carriau.