01 - Comment lire ? (suite) - Et in Arcadia ego

William MarxLittératures comparéesCollège de FranceAnnée 2024-202501 - Comment lire ? (suite) - Et in Arcadia egoLe cours des années précédentes a porté sur la constitution des bibliothèques mentales, la quête des œuvres perdues et l'édition de textes. Or, une fois que les textes et les corpus sont là, qu'en faire ? Autrement dit, comment lire ? Question d'une simplicité trompeuse.L'année dernière, l'enquête a porté sur le plaisir, voire le bonheur que procure la lecture, et dont le souvenir et la répétition peuvent illuminer toute une existence. Lire, toutefois, n'est pas seulement affaire de sensibilité. Les textes sont là pour être sinon aimés, du moins compris, et la dimension cognitive de l'opération ne saurait être sous-estimée. Depuis quelques années ont émergé de nouvelles façons de lire et d'interpréter qui donnent toute-puissance aux lecteurs sur un mode inquisitorial. Il importe de replacer cette évolution récente dans un panorama historique et culturel des modes de lecture et d'interprétation.Peut-on entretenir avec les textes un rapport qui échappe à l'alternative simpliste de la condamnation indignée ou de l'approbation pleine et entière ? Il existe tant d'autres modes de lecture plus subtils et peut-être plus émancipateurs : la catharsis, l'allégorie, la philologie, la bienveillance, l'admiration, l'épiphanie, pour n'en nommer que quelques-uns. Et si savoir comment on a lu pouvait aider à savoir comment lire aujourd'hui ?

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La littérature est un fait universel, d'extension mondiale et d'envergure transhistorique, quoique sous des modalités extrêmement diverses : l'étude de ses variations est l'objet de cette chaire, dans la lignée des enseignements de littérature comparée apparus en Europe et en Amérique dès le XIXe siècle. Lecture de textes de toutes origines et de tout statut, analyses littéraires et indispensables mises en contexte sont mises au service de ce voyage immobile et du dépaysement qui l'accompagne. L'exercice de l'admiration n'y est pas non plus interdit.L'objectif est d'entrouvrir la porte de la bibliothèque mondiale et d'en parcourir quelques rayonnages afin de faire de nous des lecteurs sans limite, capables de lire par-delà la littérature, en nous dégageant de notre propre historicité, selon un processus de défamiliarisation. Car c'est en réalité la notion même de littérature qui fait problème, avec tout ce qu'elle implique de présupposés et d'usages historiquement datés et géographiquement localisés : en gros, l'Europe des deux derniers siècles. C'est pourquoi l'intitulé de la chaire a été mis au pluriel, et il y est proposé l'étude non pas de la, mais des littératures, dont il convient de postuler d'abord la diversité, non seulement linguistique, mais culturelle et anthropologique.Les recherches de la chaire Littératures comparées portent ainsi sur l'évolution, dans la longue durée, des systèmes esthétiques et du statut de la littérature depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours ainsi que sur leur variation selon les cultures, avec des travaux portant entre autres sur la tragédie grecque, le nô japonais et les littératures asiatiques, l'humanisme médiéval et renaissant, les Lumières, les arts classiques et romantiques, le modernisme européen et la littérature contemporaine. La critique génétique et l'édition de manuscrits sont aussi mises à contribution, avec des travaux notamment sur Paul Valéry et T. S. Eliot.