54. Émotions dans le monde savant, avec Françoise Waquet

L’invitée : Françoise Waquet, directrice de recherche émérite au CNRS Le livre : Une histoire émotionnelle du savoir, XVIIe-XXIe siècle, Paris, Éditions du CNRS, 2019. La discussion : * L’histoire des émotions dans le fil d’un parcours de recherche centré sur les savants (1:00) * Entrée en matière : l’émotion de l’agrégé de Lettres Pierre-Maurice Masson devant sa thèse achevée en 1916 (2:30) * Des émotions situées : avec des collègues, des supérieurs, des instruments, un corps… (4:45) * Des émotions malgré un idéal savant d’objectivité, passant par des publications normées avec une façade lisse et dépourvue d’émotions, notamment en sciences « dures » avec le modèle IMRAD (Introduction, materials and methods, results and discussion) pour les articles (6:00) * Pour trouver les émotions des chercheurs : deux types de sources : ego-documents (lettres, récits, remerciements…) et rapports sur la condition des chercheurs et chercheuses (10:25) * Un « tournant réflexif » des sciences humaines depuis les années 1980, et la multiplication de textes d’« ego-histoire » (15:05) * Les émotions, la recherche et la question du masculin / féminin (16:30) * Les émotions positives : admirations et chocs devant des rencontres de livres ou de personnalités admirées (19:10) * L’attachement aux lieux de travail, comme les laboratoires (21:25) * Le choc émotionnel que fut, en France, le passage de l’ancienne Bibliothèque nationale (salle Labrouste, rue de Richelieu) au site de la BNF-Tolbiac (23:00) * Les bouleversements liés à l’arrivée de l’ordinateur, entre émerveillement et craintes, puis « computer anxiety » et « computer rage » (29:00) * Les émotions négatives liées aux difficultés de recrutement, à travers les campagnes de Marc Bloch et Lucien Febvre au Collège de France (34:20) * La perte d’une bibliothèque et de papiers, douleur pour un chercheur ou une chercheuse (41:30) * Le manque de reconnaissance des « petites mains » ayant travaillé aux grandes enquêtes collectives des années 1960-1970 (43:45) Les références citées dans le podcast : – Etienne Anheim, Le travail de l’Histoire, Publications de la Sorbonne, 2018. – Marc Bloch et Lucien Febvre, Correspondance, édition de Bertrand Müller, Fayard, 3 vol. – Patrick Boucheron, Faire profession d’historien, Publications de la Sorbonne, 2010. – Lorraine Daston, Peter Galison, Objectivité, Les presses du réel, 2012. – Philippe Descola, Les Lances du crépuscule : relations Jivaros. Haute-Amazonie, Paris, Plon, « Terre humaine », 1993. – Arlette Farge, Le goût de l’archive, Paris, Seuil, 1989. – François Jacob, La statue intérieure, Paris, Odile Jacob, 1987. – Michel Perrin, Le chemin des Indiens morts : mythes et symboles guajiro, Payot, 1976. – Dossier « Bibliothèque nationale de France : expériences vécues », Le Débat, 1999/3 (n° 105) – Article sur la controverse liée à l’ouverture de la BNF-Tolbiac Le conseil de lecture : – Jean Rouaud, Kiosque, Paris, Grasset, 2019.

Om Podcasten

« Paroles d’histoire » est un podcast ouvert à toutes les périodes et toutes les approches qui permettent de réfléchir au passé, et à ses liens avec le présent. En invitant des historiennes et des historiens on pourra discuter de livres récents ou classiques, d’historiographie et de méthodologie, de débats et de controverses, et de tous les usages possibles de l’histoire, des plus savants aux plus courants, à l’école, au musée, à la télévision, sur internet. Podcast créé et animé par André Loez.