À la Une: les journaux français préparent la rentrée

Rentrée scolaire oui, mais sans rentrée d’argent, et c’est bien le problème. « Le coût de la vie étudiante augmente », constate La Croix, avec de nombreuses dépenses à prévoir – alimentaire, logement, frais de scolarité – alors même si « la possibilité d’effectuer des études universitaires reste heureusement largement ouverte », c’est « souvent au prix de sacrifices. » Libération n’est pas tout à fait d’accord et s’indigne au contraire qu’« étudier devien[ne] un luxe ».Pour faire sa rentrée dans les clous, un étudiant moyen devra débourser plus de 3 000 euros cette année. Car en plus des frais de scolarité et du logement, il faut ajouter les dépenses alimentaires, « en hausse de 15% », écrit Libé, et qui « condamnent la majorité des étudiants à faire l’impasse sur des repas équilibrés et nutritifs », avec les conséquences que l’on imagine sur la santé, physique et mentale, « de ces étudiants qui voient leurs chances de réussite scolaire se dégrader ».Dans ce contexte, La Croix s’interroge : « L’État doit-il faire plus ? », lui qui « assure déjà la quasi-gratuité des études universitaires publiques ? »L’aide du gouvernement au primaireLe gouvernement aide déjà les jeunes élèves avant même l’échelon supérieur. Les élèves et surtout, à cet âge-là, leurs parents. Le 16 août, l’allocation de rentrée scolaire a été versée à près de trois millions de familles. Mais, encore et toujours, le retour à l’école se fait « au prix fort », pointe Le Parisien : les fournitures coûtent « 233 euros pour un élève en primaire » cette année, contre 190 euros l’an dernier. Soit quasi un dixième du salaire moyen – et ce pour un seul enfant.Alors pourquoi pas aller vers « la gratuité du matériel scolaire, dont l’effort serait porté par l’État » ? Dans La Croix, une adjointe à la mairie de Lille qui applique déjà cette mesure, dit oui : « L'école est censée être gratuite : pour nous, la gratuité des fournitures relève de ce principe. » L’idée a d’ailleurs été lancée l’an dernier par l’ancien ministre de la Ville Olivier Klein. Mais pour Le Parisien, c'est plutôt « une fausse bonne idée » : « sur un plan pratique (…), faudra-t-il obliger chaque enseignant, dans chaque établissement, à utiliser le même matériel ? » Et, sur un plan économique, « dans un pays déjà fiscalisé à l’extrême », n’est-ce pas encore une dépense ? Car assène le quotidien, « la "gratuité" évoquée par la fédération de parents d’élèves n’existe pas : quelqu’un doit bien payer ».La planète à secQuatre milliards d’humains sont déjà touchés par la crise de l’eau, et « sans action politique d’ampleur, les pénuries vont s’aggraver, s’alarme Le Monde. Même si l’on parvenait, selon un scénario optimiste, à limiter l’augmentation de la température moyenne » en dessous de 2,4°C, « ​​​​​​​on s’attend à ce qu’un milliard de personnes supplémentaires vivent » avec un stress hydrique « ​​​​​​​extrêmement élevé », s’affole encore le quotidien. En Uruguay, qui « ​​​​​​​traverse la crise hydrique la plus grave de son histoire », le gouvernement a autorisé le recours à de l’eau salée puisée non loin de l’océan, pour alimenter les robinets des particuliers.À terme, la sécurité alimentaire mondiale est menacée : « La canne à sucre, le blé, le riz, et le maïs sont particulièrement concernés. » Pour « nourrir le monde », il faut « mieux gérer l’eau », assène donc Libération car pour l’instant, c'est là que le bât blesse : « Le déséquilibre entre l’offre et la demande d’eau » va croissant, entre d’un côté « ​​​​​​​la raréfaction de la ressource causée par le changement climatique » et de l’autre, l’ « ​​​​​​​augmentation de la consommation », explosion de la démographie oblige. Ce qui explique qu’après « l’or noir » pour évoquer le pétrole, Libé parle à présent d’ « or bleu ».Les journaux français poussent la chansonnetteDe nombreux quotidiens ont comme un air de Goldman qui leur trotte dans la tête… « Quand la musique sonne, sonne, sonne », fredonne ainsi La Croix tandis que Libé, qui a visiblement la même playlist, chantonne « quand la musique questionne ». Pourquoi cette soudaine « Jean-Jacques Goldmania » ? Eh bien parce qu’un livre paraît demain vendredi sur le chanteur qui, depuis des années, refuse de laisser sa place d’artiste préféré des Français. Au point que La Croix parle d’un « ​​​​​​​mythe français » inébranlable alors que l’absence du chanteur « ​​​​​​​dure depuis vingt ans » : « ​​​​​​​pas d’album, ni de concert, ni de prise de parole publique, ni d’interview, ni de réseaux sociaux ». Mais « ​​​​​​​si Jean-Jacques a disparu, Goldman, lui, est partout », écrit Libé. Et c’est peut-être précisément « ​​​​​​​parce qu’il a choisi de disparaître de la scène publique, suscitant [la] nostalgie », qu’il est « ​​​​​​​devenu une légende ».Mais le journal de gauche a quand même quelques remords à s’épancher sur celui qui a su « ​​​​​​​cristalliser son époque dont il a écrit la bande son », selon les mots de La Croix : et si écouter Jean-Jacques Goldman, c’était « de droite » ? Pour un historien cité par Libé, le succès du chanteur « ​​​​​​​est un projet industriel et idéologique », avec exemple le titre Je marche seul, « ​​​​​​​esthétique de la solitude réjouie » qui est en fait « la version édulcorée (…) de la mort du collectif et du triomphe de l’individualisme roi ». Alors oui, conclut Libé, dans les années 1980, « ​​​​​​​on a bien dansé » ; mais l’époque reste « la source de notre cauchemar politique et idéologique contemporain ». Vous dansiez ? Eh bien chantez maintenant.

Om Podcasten

Les opinions, les points de vue et les avis souvent divergents des éditorialistes et des commentateurs sur l'actualité française et internationale dans les hebdomadaires français. Une revue de presse présentée chaque dimanche par Catherine Potet.