À la Une: retour sur le voyage d’Emmanuel Macron au Proche-Orient

Déplacement pas tout à fait terminé puisqu’une rencontre est prévue en Jordanie ce mercredi, mais c’est surtout la journée d’hier mardi qui a attiré les regards. Le président français s’est d’abord entretenu avec Benyamin Netanyahu côté israélien, puis avec Mahmoud Abbas côté palestinien. Qu’en retenir ? Eh bien justement ce n’est pas clair. « Emmanuel Macron tente le flou pour le tout », lance un Libération perplexe, tandis que Le Figaro admet volontiers se poser des « questions sur la coalition anti-Hamas de Macron », illustration selon le journal de la « diplomatie du tourbillon » du président. À moins qu’il ne s’agisse, comme le pense Libé, d’un « effet d’annonce comme les aime Macron ».Quoi qu’il en soit, les deux titres, pourtant rarement d’accord, sont pour une fois sur la même ligne : la proposition française d’une « coalition anti-Hamas » est surprenante. Tellement surprenante qu’il « aura à peine fallu deux heures à l’Élysée pour rétropédaler », raconte Libération, puisque la présidence a rapidement fait savoir qu’il s’agit en réalité de « s’inspirer » de la coalition qui avait été créée contre le groupe État islamique pour « voir quels aspects sont réplicables contre le Hamas ». Bref, balaie le Figaro, « la flamboyante idée n’ira pas plus loin ».À lire aussiCoalition contre le Hamas: une proposition d'Emmanuel Macron qui pose questionUne initiative non concertée ?C’est ce que pense le Parisien, dont la stupeur rejoint celle de ses comparses. Car « on voit mal, analyse le quotidien, Israël laisser quiconque se charger [d’agir contre le Hamas dans son propre fief] à sa place, ou à ses côtés ». Et cela risquerait aussi de fâcher les partenaires arabes de Paris, pour lesquels, rappelle Le Figaro, « le Hamas reste un mouvement nationaliste et non internationaliste » et « les bombardements indiscriminés de la ville de Gaza par l’aviation israélienne sont des crimes de guerre qui ne sont pas moins graves » que ceux commis par le groupe armé palestinien.L’épisode a en tout cas réussi un objectif : faire réagir en France. Face à l’incompréhension de la gauche, qui a retrouvé un semblant d’unité pour dénoncer « une incroyable improvisation », relate Libération, des critiques qui ont confiné « à la moquerie » quand la présidence a dû contredire la présidence ; face donc à cette gauche, se trouve une droite enthousiaste, qui « approuve sans réserve » cette proposition.Mais en réalité, tempère Le Monde, ce n’est pas du côté du clivage gauche-droite qu’il faut regarder, tout simplement parce qu’il n’est pas « recoupé », historiquement, « par le clivage sur le conflit israélo-palestinien ». Un chercheur interrogé par le quotidien estime que « l’incroyable charge émotionnelle des prises de position » au sujet des affrontements révèle en fait « une transformation profonde du champ politique » : « une conception politique qui se joue désormais sur un mode essentiellement émotionnel. » Dit plus clairement, l’angoisse, la tristesse, la colère sont mis en avant et la réflexion sur « l’événement dans sa dimension historique » passe au second plan.La guerre en Ukraine au second plan« La guerre en Ukraine a disparu de nos écrans », pointe La Croix. Pour autant « elle n’a pas pris fin » - loin s’en faut. Les combats se poursuivent, et d’autant plus ardemment, observe le quotidien catholique, que « chaque soldat se prépare à un nouveau et terrible hiver dans une tranchée, au pied d’un obusier ou dans une tourelle de char ». Une saison froide – entre -2 et 2°C en moyenne pendant cinq mois – d’autant plus éprouvante que, grimace La Croix, après vingt mois de combats, « la contre-offensive semble au point mort ». Quant à la population, elle a laissé loin derrière elle les espoirs d’une fin rapide de la guerre et observe maintenant les événements avec une « résignation épuisée ». La Croix s’inquiète surtout de « la perspective de nouvelles coupures de courant, […] alors que les autorités ont reconnu ne pas avoir pu réparer l’ensemble des dégâts causés l’année dernière ».A défaut de l’emporter rapidement, Kiev peut s’entourer ; alors, rapporte Le Monde, le Parlement ukrainien vient d’adopter une loi pour renforcer le contrôle financier des personnes politiquement exposées, « présentée comme la levée du dernier obstacle sur la route de l’Ukraine vers l’Union européenne ». De l’aveu même de Bruxelles, cette réforme est en tout cas « jugée essentielle pour l’ouverture d’éventuelles négociations d’adhésion, en décembre ». Et en attendant du mouvement, sur ce terrain ou sur le front, raconte une ukrainienne rencontrée par La Croix, « on vit dans une imitation de normalité. »

Om Podcasten

Les opinions, les points de vue et les avis souvent divergents des éditorialistes et des commentateurs sur l'actualité française et internationale dans les hebdomadaires français. Une revue de presse présentée chaque dimanche par Catherine Potet.